La crise de maïs dans le grand Katanga et au Kasaï alimente le débat sur la relance du secteur agricole en RDC. Dans une étude rendue publique, samedi 20 mai 2023, l’Observatoire de la Dépense Publique ( ODEP) propose une nouvelle politique agricole qui s’appuie sur six volets.
Ces six axes de cette nouvelle politique agricole sont, entre autres, l’appui aux structures d’encadrement des paysans ; la mise en place d’une autre logique technologique ; la reconquête des marchés urbains ; la révision de la structure des prix et délimitation d’un cadre régional d’échange ; la mobilisation de l’épargne et régulation des stocks alimentaires, et enfin l’intégration des filières de production.
Pour l’ODEP, le vrai problème qui bloque le secteur agricole en RDC est la faible allocution lui dédiée dans le budget global. Il rappelle que malgré l’accord de Maputo qui recommande aux pays de la SADC de réserver à l’agriculture 10 % du budget global, le budget alloué à ce secteur en RDC n’a jamais dépassé 2 à 3 %.
Plus grave est que, soutient cette étude, dans le concret le taux d’exécution de ce faible budget alloué au secteur de l’agriculture en RDC n’a jamais dépassé 1%. Le budget de la recherche agronomique, lui, n’a jamais dépassé 0,01% du budget global.
Soulignons que l’ODEP propose par ailleurs dans cette même étude trois programmes de nature à relancer le secteur agricole en RDC.
Il s’agit du programme de relance de la recherche agronomique, du programme d’encadrement des paysans et du programme de développement communautaire.
S’agissant de la relance de la recherche agronomique, l’étude de l’ODEP soutient que
chaque ETD devrait avoir une station de recherche agronomique (avec les programmes suivants, maïs, manioc, riz, légumineuses, horticulture, fertilisants et intrants agricoles) et une école technique pilote avec les options suivantes : agriculture, vétérinaire et agroalimentaire, scientifique.
Elle soutient que chaque territoire doit avoir un institut facultaire d’agroalimentaires et génies. Chaque station devra faire le diagnostic sur le potentiel agricole de son ressort et proposer le plan de la relance et chaque province avoir un centre de recherche agronomique opérationnel.
Dans chaque station de recherche agronomique, l’ODEP projete l’implantation de 5 programmes de recherche en moyenne en tenant compte des potentialités de chaque territoire, avec la priorité sur le programme maïs, manioc, riz, légumineuses, fertilisants et intrants agricoles.
Le coût de chaque programme est estimé à 354.900 USD. Pour les cinq programmes, il faut 1.774.500 USD par station et par territoire. Pour les 145 territoires, le coût est estimé à 257.302.500 USD par an.
Quant au programme d’encadrement des paysans, l’ODEP estime qu’il faut restaurer le service d’encadrement des paysans par les moniteurs. “Si l’on considère que chaque moniteur agricole doit encadrer 400 agriculteurs pour atteindre 15.000.000 d’agriculteurs, il faudra engager 37.500 moniteurs agricoles”, souligne l’étude.
Afin de relancer l’encadrement des paysans de façon efficace et efficiente, l’ODEP pense qu’il faut 862.200 USD par territoire en moyenne et 33.468.000 USD par an sur l’ensemble du pays.
Selon cette étude, avec l’encadrement de 15.000.000 ménages agricoles, si 50% d’entre eux font un ha de maïs par an avec rendement d’au moins 1 une tonne par ha, la production nationale du maïs sera de 7.500.000 tonnes.
“Ce rendement va continuer à augmenter avec l’introduction des variétés améliorées de haut rendement. Ce qui fait que d’ici 5 ans le pays va atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ça va de même pour les autres cultures (RIZ, MANIOC, LÉGUMINEUSES, etc.)”, martèle l’étude.
Le troisième programme proposé par l’ODEP est lié au développement communautaire. Il n’est pas évalué en termes des chiffres à ce stade et concerne notamment le financement des projets d’entretien et aménagement des routes de dessertes agricoles, l’installation d’un réseau hydraulique (pompe d’eau),
l’amélioration de l’habitat, l’électrification rural, la formation professionnelle et bien d’autres domaines salutaires.
Ci-dessous l’étude de l’ODEP.
Molimo