Le président Felix-Antoine Tshisekedi entame légalement son second mandat à la tête de la RDC. Il a prêté serment, samedi 20 janvier 2024, au stade des martyrs de la Pentecôte, à Kinshasa, devant près de 100.000 congolais, 18 chefs d’Etat et des centaines d’invités de marque venus de quatre coins du monde.
Dans son discours d’investiture, le fils biologique de l’opposant historique Etienne Tshisekedi a décliné les cinq objectifs de son second mandat : La création d’emplois, la protection du pouvoir d’achat des ménages à travers la stabilisation du taux de change, le renforcement de la sécurité, la diversification de l’économie, l’accès aux services sociaux de base et l’assainissement de l’administration publique.
Selon Félix Tshisekedi, à ces six objectifs se greffent ce qu’il a qualifié de “trois defis prioritaires” de son second mandat, à savoir, le désenclavement du territoire national, le développement de la chaîne de valeur agricole et l’assainissement des villes.
Cettte cérémonie de prestation de serment marque le début du comptage pour les “100 jours” de ce nouveau mandat. “100 jours”, ce concept qui reveille des mauvais souvenirs pour les congolais. C’est ainsi qu’à la liste de ceux qui souhaitent un fructueux second mandat au Président Tshisekedi figurent ceux qui l’exhortent cependant à veiller à ce que les erreurs commises lors de “100 premiers jours” de son premier mandat ne puissent pas se reproduire.
En dépit de ce qu’on peut imputer au copinage FCC – CACH, il y a lieu de reconnaître aussi et surtout des facteurs cancérigènes à l’interne de la Fatshisphère. Le mauvais décollage du premier mandat du président Félix Tshisekedi avait tout de présager un crash prématuré. Malgré la bonne foi du pilote, les zones de turbulences occasionnées par des facteurs endogènes ont été de plus rudes.
Le plus grand cancer, contracté durant les “100 jours” de Fatshi 1, et dont ni l’antidote, ni le vaccin n’a été trouvé durant tout le premier mandat, est “l’indiscipline budgétaire”. Ses symptômes les plus concluants sont les dépassements budgétaires les plus spectaculaires et les dépenses en mode urgence, sans respect de la chaîne des dépenses et des prévisions budgétaires.
Les autres grands maux qui ont caractérisé les 100 premiers du Félix Tshisekedi sont les détournements des derniers publics( plus de 50 millions USD), la forte pondération des dépenses de fonctionnement sur les dépenses d’investissement, le clientélisme, le favoritisme, le tribalisme et bien d’autres vices.
L’Observatoire de la Dépense Publique ( ODEP), le dit de manière beaucoup plus crue en soutenant que le président Tshisekedi doit avant tout, pour ce second mandat, “epurer son environnement de tous les voleurs, des personnes qui ne pensent qu’à comment trouver des postes pour s’enrichir de manière illicite”.
Le PCA de cette organisation de la société civile spécialisée dans le contrôle citoyen, le professeur Florimond Muteba, martèle que le Président Felix Tshisekedi ne doit plus se caractetiser par des “mesurettes” ( entendez petites mesures) durant ce mandat. Il doit prendre des véritables options, parfois révolutionnaires, en commençant par reduire de manière drastique le “train de vie de l’Etat”.
L’OPEP a publié toute une étude là-dessus. Cette structure estime qu’il faut des réflexions conséquentes pour construire la véritable indépendance économique dont la RDC a besoin. Il faut, en plus de l’assainissement de la gestion des finances publiques, des politiques publiques efficaces et efficientes qui placent en son coeur la justice distributive, le développement endogène et la réduction du train de vie de l’Etat.
Retour sur quelques faits majeurs de “100 jours” du premier mandat du président Félix Tshiseki. Nous sommes le samedi 2 mars 2019. “Fatshi béton” présente en grande pompe, à Kinshasa, son « Programme d’urgence pour les 100 premiers jours ». Plusieurs projets sont déclinés notamment dans le secteur des infrastructures avec la construction des sauts de mouton et des maisons préfabriquées pour les militaires.
Un budget de 497 millions de dollars est annoncé. Le dernier gouvernement de Joseph Kabila est déclaré démissionnaire. Ce qui revient à constater que tout est géré “provisoirement” à partir de la Présidence de la République, mieux du cabinet du président de la République. Les travaux listés dans ce programme d’urgence ne vont pas tarder à démarrer.
Quelques mois plus tard, les premiers soupçons de corruption ont commencé à tomber. Ils concernent d’abord l’opacité de la procédure de passation des marchés, dont un nombre important l’ont été en mode de gré à gré.
Il a fallu attendre le 8 février 2020 pour qu’une instruction judiciaire soit ouverte pour enquêter sur l’exécution des travaux publics inscrits dans ce programme d’urgence. Les chefs des entreprises de construction comme Office de route, Safricas et Samibo ont été interpellés et incarcérés durant des mois, accusés de détournement.
Vital Kamerhe, directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, va être placé sous mandat d’arrêt provisoire dans cette affaire le mercredi 8 avril dans la soirée, et transféré à la prison centrale de Makala. Il était, selon l’organe poursuivant, “l’homme orchestre, l’ordonnateur principal des dépenses publiques, par qui tout devrait passer”, en vertu d’une lettre adressée au gouverneur de la BCC.
Pas la peine d’aller jusqu’au dénouement final de cette affaire qui a vu les réserves publiques être érodées, avec tous les risques que cela a entrainé sur l’économie du pays de manière générale dont le peuple continue à payer le prix jusqu’alors. Des congolais connaissent par coeur la suite malheureuse de cette histoire.
C’est dire que malgré toutes les bonnes actions réalisées par le président Tshisekedi durant son premier mandat, la mauvaise gestion de la chose publique qui a caractérisé les “100 jours” du premier quinquennat est restée parmi les faits majeurs encore frais dans l’imaginaire collectif congolais. Reste que les “100 jours” de Fatshi 2 soient différents de “100 jours” de Fatshi 1. Et que des erreurs du passé soient effectivement évitées.
Editorial de Darel N.