La plateforme de la société civile Agir pour des Élections Transparentes et Apaisées (AETA) a, au cours d’un atelier de trois jours qui s’est clôturé le 7 mars dernier, procédé à l’évaluation à mi-parcours du processus électoral 2022-2027 en RDC, particulièrement sur les scrutins du 20 décembre 2023.
De manière générale, les participants à cet atelier ont noté un sentiment de démobilisation totale, de déception et de frustration des parties prenantes par le fait d’une gouvernance électorale à la sauvette. Ils dénoncent un gangstérisme électoral et l’émergence du phénomène “business électoral” qui ont caractérisé ces scrutins.
Dans le chapitre de la gouvernance financière du processus électoral, les participants à cet atelier ont noté plusieurs irrégularités. Ils estiment que la gestion financière de la CENI mérite un contrôle rigoureux et sans complaisance, toutes affaires cessantes, de la part des institutions publiques qui en ont le devoir.
“Pour le domaine de la gouvernance financière du processus électoral dans son ensemble, les participants ont noté avec regret que la gestion financière du processus électoral a été caractérisée, entre autres, par une très faible traçabilité des opérations, le manque criant de transparence, le non-respect à répétition des procédures et règles de passation des marchés publics, une gestion peu rigoureuse des matériels électoraux par la CENI, etc. Le contrôle budgétaire institutionnel reste quasi absent sur la gestion de la CENI (pas de contrôle parlementaire, pas de missions de contrôle diligentées par la Cour des Comptes ni par l’IGF). La gestion financière de la CENI mérite un contrôle rigoureux et sans complaisance, toutes affaires cessantes, de la part des institutions publiques qui en ont le devoir “, a déclaré Jérôme Bonso, secrétaire permanent de l’AETA.
Cette plate-forme de la société civile note en outre que, si le législateur a abbatu un travail intéressant en dotant le pays des textes lui permettant d’organiser des bonnes élections, la CENI a beaucoup péché sur le plan réglementaire en prenant des décisions inconstitutionnelles et illégales parmi lesquelles l’annulation des voix de certains candidats et le fait de faire de la date du 20 décembre 2023 un jour férié.
En concerne les élections présidentielle, législatives provinciales et nationales, et les municipales, cette organisation note l’insuffisance d’une bonne planification électorale stratégique “qui a occasionné un désordre dans l’organisation”.
” Tout ce que l’on déplore sur la mauvaise qualité des scrutins du 20 décembre 2023 est, dans une large mesure, le fait d’une mauvaise planification : l’insuffisance de planification électorale stratégique, sous-tendue par une vision claire, a occasionné un désordre dans l’organisation du processus électoral en cours. Tout a donné l’impression d’improvisation parce que la CENI a semblé naviguer à vue. Le calendrier électoral est incohérent, incomplet et irréaliste car il contient la réserve liée à l’insécurité dans certains territoires de la RDC“, a ajouté Jérôme Bonso.
Analysant les résultats des scrutins du 20 décembre 2023, les acteurs de la société civile appellent à un bon encadrement afin que la large majorité parlementaire raflée par la famille politique du chef de l’Etat, Felix-Antoine Tshisekedi, ne puisse pas faire reculer le pays vers l’époque de la “pensée unique”, symbole de la dictature mobutienne.
“Les participants stigmatisent avec indignation l’incidence fâcheuse de deux facteurs extra-juridiques sur la qualité du processus électoral dans son ensemble, particulièrement sur le vote du 20 décembre 2023. Il s’agit du facteur faire majoritaire avec pour manifestation la composante ultra majoritaire au Parlement qui mérite d’être gérée avec minutie faute de quoi le pays va basculer d’une façon inexorable vers le régime de la pensée unique de triste mémoire“, a déclaré Jérôme Bonso, Secrétaire permanent de l’AETA.
Au sujet de l’inclusion du genre, cette plateforme de la société civile souligne que le poid du Patriarcat pèse encore négativement sur la représentation de la femme et la jeune fille dans les sphères décisionnelles en RDC et que les comportents, attitudes, pratiques discriminatoires persistent à l’endroit des personnes vulnérables telles que les femmes, les Personnes vivant avec handicap et les jeunes dans le chef des décideurs et autres parties prenantes.
Dans le volet de la sensibilisation électorale, l’AETA fustige une implication faible et sélective des organisations de la société. Elle estime que le cadre de concertation a été réduit en
en un simple espace d’information où la CENI vient annoncer ses réalisations et projets d’action sans aucun échange interactif avec les parties prenantes partenaires.
Au terme des travaux, les acteurs de la société annoncent une grande déclaration à faire dans les tout prochains jours sur le sujet et l’adoption d’un plan d’actions pour le plaidoyer.
Franck Mubeneshay