Qu’un jour férié soit consacré à la personne de Simon Kimbangu en République Démocratique du Congo est un Signal spirituel fort. Bravo au président Félix Tshisekedi pour avoir décidé de faire de la date du 6 avril un jour férié, chômé et payé dédié au combat de cet Envoyé de Dieu pour la race noire.
Cela rentre dans le cadre des efforts pour la réappropriation, par les Noirs, de leur être spirituel, longtemps bradé au prix de la violence et de la manipulation. Tenez, si les noirs du monde entier comprenaient les enjeux, ils devraient avoir leur propre Grande religion mondiale fondée sur les enseignements du ” Mvuluzi” Simon Kimbangu.
Certes, la religion se révèle souvent un opium du peuple. Mais en tant qu’un instrument non de moindre de socialisation et de conditionnement idéologique des peuples, les Noirs devraient en avoir une. Cela constituerait un grand rempart à l’endormissement spirituel observé actuellement, favorisé par l’importation des corpus religieux exogènes, inadaptés à l’environnement local, et qui charrient avant tout des visées d’aliénation.
On est bien d’accord qu’à la religion, organisation d’ordre terrestre, il vaut mieux préférer la spiritualité qui lie directement l’être humain à la Source de la Lumière et de la Vie, Dieu le père. Cependant, au regard de sa vocation civilisatrice, il s’avère important que les Noirs aussi puissent enseigner à d’autres races leur éthique de vie et leur vision du monde, à l’image de la célèbre phrase de Simon Kimbangu : ” Un jour les noirs deviendront des blancs et les blancs deviendront des noirs”.
Cette vaste religion des Noirs prônée devrait être utilisée comme un dispositif géostratégique devant leur permettre de se prémunir contre l’influence culturelle et spirituelle d’autres peuples, mais aussi de disposer de son instrument d’influence à l’échelle mondiale.
Car, malgré le foisonnement des églises et religions exogènes, les peuples noirs demeurent pauvres spirituellement, coupés de leurs ponts, de leurs aides et des entités spirituelles destinées à les accompagner sur le sentier de l’auto-conscience et de l’ascension spirituelle.
Ces religions exogènes ont fait des Noirs des véritables “apatrides spirituels”, ce que la star de la chanson congolaise Papa Wemba a qualifié de ” chauves-souris ” dans son titre “Longembo”. Elles leur ont enseigné que solliciter de l’aide de ses ancêtres décédés était de la sorcellerie. Par contre, adresser les prières à des ancêtres d’ailleurs est ce qu’il faut faire.
De nos jours, dans les milieux des Noirs, parler de Kimbangu, de Kimpa Vita et d’autres combattants de l’éveil de la conscience, c’est être dans la perdition. Conséquence, des peuples noirs sont à ce jour des coquilles vides, sans soubassement spirituel réel.
Certains vont avec empressement nous opposer des arguments comme quoi il existe déjà le Kimbanguisme avec ses églises disséminées à travers le monde. Non ! Cette Grande religion mondiale fondée sur Simon Kimbangu recommandée par beaucoup de penseurs ne sera pas forcément le Kimbanguisme qui, aujourd’hui, subit le procès de ne pas vraiment refléter fidèlement les enseignements de Simon Kimbangu.
Tel qu’il fonctionne actuellement, le Kimbanguisme fait l’objet de plusieurs griefs. D’où l’importance de la réformer profondément, à défaut d’inventer un nouveau concept religieux.
C’est dire que loin d’être un jour limité à la RDC, le 6 devrait en principe constituer une grande fête pour la race noire toute entière, à travers le monde, un jour où elle commémore le combat de Simon Kimbangu pour l’éveil de sa conscience. Dieu est Un mais il s’est révélé à chaque peuple différemment. Ingeta, Ibobo !
Orly-Darel NGIAMBUKULU