La RDC est actuellement en train de vivre une forme de Balkanisation plutôt soft. Si elle n’est pas territoriale, elle est culturelle et économique. C’est ce qu’affirme le politologue Michel Bisa Kibul, au cours d’une interview accordée à la rédaction de DROIT & FINANCES.CD, dimanche 2 juillet 2023, dans le cadre de la commémoration du 63 ème anniversaire de l’accession du pays de Lumumba à l’indépendance.
” Il existe aujourd’hui une forme de Balkanisation, pas territoriale, mais économique et culturelle que connait la RDC. Aujourd’hui, nous notons que de plus en plus de congolais se présentent plus comme congolais, mais plutôt par rapport à leurs identités tribalo-ethniques. Vous suivez aujourd’hui ce qui se passe entre les Bayaka et les Bateke”, a-t-il déclaré.
Ce professeur à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) a, dans la même veine, saisi cette occasion pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale congolaise sur le concept de ” rééquilibrage démographique dans le Grands Lacs”, qui émerge actuellement au sein des Nations-Unies.
Il appelle les services de renseignements congolais à ouvrir grand l’oeil et à étudier avec soin ce concept, comme tant d’autres, qui peuvent être utilisés comme un trompe l’oeil pour exécuter ce malicieux plan de balkanisation territoriale de la RDC.
“Il ne faut pas penser que le monde veut une balkanisation territoriale, non. Aujourd’hui, au niveau des Nations Unies, il y a un concept qui émerge qu’on appelle ” rééquilibrage démographique dans la région des Grands Lacs”. Ce concept s’accompagne d’autres concepts comme réfugié climatique, réfugié humanitaire…Les services de renseignements devraient travailler sur ces concepts. Malheureusement, cela fait que dans la sous-région, on a des gens de tous les pays qui commencent à venir s’installer au Congo. Si vous êtes dans le Kivu, les petites filles serveuses dans les bars et boîtes de nuit viennent du Rwanda qui nous agresse. Petit à petit, les enfants naissent dans des unions qui se forment et imaginer la suite”, a-t-il indiqué le professeur Michel Bisa.
Avant de poursuivre : “Donc, on va rééquilibrer la démographie de la région. Ce qui est déjà une des formes de la Balkanisation. Si vous allez dans certains coins du pays, on utilise pas le franc congolais. Nous qui sommes dans des universités face aux étudiants, je peux vous assurer que c’est devenu très difficile de convaincre certains du Kivu par exemple que le Congo est une solution. Il y a une crise de construction de l’identité de notre pays. Et c’est à cela que nous devons travailler”.
A titre de perspectives, ce spécialiste de la gouvernance foncière opine que pour parler de son indépendance effective, la RDC doit avant tout être forte en interne, avoir de la souveraineté scientifique et alimentaire, ainsi qu’une armée forte.
” Lorsqu’on doit combattre l’excellence, les valeurs et le travail, on n’est pas en train de construire un pays développé, un pays réellement indépendant. Si nous voulons être réellement indépendant, nous devons responsabiliser aux postes de décision, les hommes pétris des compétences intellectuelles et des valeurs éthiques et morales. Le travail, l’éthique et l’excellence, doivent remplacer le militantisme”, a-t-il indiqué.
Parlant du favoritisme, du clientélisme et d’autres vices “anti-meritocratie” qui rongent la RDC, le professeur Michel Bisa dit avoir recensé, de 1960 à ce jour, 317 familles biologiques qui gouvernent le pays dont 67 depuis le début du régime du président Tshisekedi.
Une situation qui le pousse à crier à un accaparement de l’Etat par un club d’amis, mieux un système de castes où les responsables se transmettent par le lien de sang et d’autres considérations subjectives.
Molimo