La société Kibali gold mine -filiale de Barrick Gold Corporation-une entreprise canadienne d’exploitation et de développement de sites miniers, est accusée de violer la législation sur la sous-traitance en RDC, à travers la stratégie de “prête-nom”.
Ce sont des accusations portées à la presse, ce mercredi 24 janvier 2024, par le directeur général de l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance dans le secteur Privé ( ARSP), Miguel kashal Katemb.
” Nous déplorons de constater qu’il y a certaines sociétés qui continuent de nous ramener dans ce système de prête-nom que nous sommes en train de combattre et d’autres qui se comportent en contrevenants. C’est le cas du groupe Barrick, avec sa filiale Kibali Gold. Il travaille avec une seule société de sous-traitance qui détient 97% des marchés de la sous-traitance. C’est trop grave parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas accepter qu’une société de sous-traitance étrangère sous-traite à son tour les sociétés de sous-traitance en RDC. Au moment où nous défendons à ce que cette sous-traitance soit à capitaux majoritairement Congolais “, a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : ” La société Kibali a déjà été notifiée de pouvoir annuler tous les contrats avec cette société et la radier de son système. Le delai est déjà largement dépassé. Nous donnons 72 heures pour que la société en question quitte le site de Kibali gold. Dépassé ce délai, nous prendrons des mesures sur la société Kibali gold. Nous allons appliquer l’article 28, fermer la société principale directement. Cette chaîne de valeur doit rêvenir aux sociétés éligibles en RDC, qui payent les taxes en RDC et emploient des congolais. Cela contribue à la diversification de l’économie nationale, noble combat du président Félix Tshisekedi“.
Rappelons que, promulguée le 8 février 2017, la nouvelle loi sur la sous-traitance en RDC impose à partir de mars 2018 aux entreprises du secteur d’avoir leur siège social en RDC, d’être à capitaux congolais et promues par des Congolais.
La loi a surtout été élaborée pour le secteur minier. Elle impose aux miniers de recourir à des sociétés de sous-traitance de droit congolais avec majorité du capital congolais. Hélas, cela n’est pas 0appliqué à ce jour.
Deux raisons expliquent la place importante occupée par la sous-traitance dans le secteur minier. Premièrement, les mines représentent près de 25 % du produit intérieur brut (PIB), soit la première place dans l’économie de la RD Congo.
Deuxièmement, le processus minier fait appel à une gamme variée d’acteurs. Concentrées sur l’exploration, l’extraction et le traitement des minerais et des métaux, la plupart des compagnies minières confient les autres opérations à des sous-traitants.
Le secteur va de la fourniture de matériels et de produits nécessaires à l’activité minière, au transport et à la mise à disposition de personnel en passant par le gardiennage, l’analyse minérale, la logistique, la surveillance environnementale et une foule d’autres prestations.
Selon des experts, le chiffre d’affaires de la sous-traitance minière en s’élèverait à plusieurs milliards de dollars. La filière semble donc très rentable, voire plus lucrative que le secteur minier lui-même.
Selon le DG de l’ARSP Miguel Kashal Katemb, l’Etat congolais perd un manque à gagner de huit milliards cinq cents millions de dollars, suite à la « fraude » et à un système de « prête-noms » utilisé dans le secteur de la sous-traitance. Ce phénomène est favorisé par des étrangers qui se cachent derrière les sociétés se présentant comme à capitaux congolais.
Molimo