La société civile du Nord-Kivu appelle les autorités provinciales à retirer l’arrêté du gouverneur qui accorde des exonérations fiscales à Modeste Bahati Lukwebo, ancien président du Sénat et opérateur économique. Elle a exprimé ce vœu dans une lettre du 13 mai 2024 adressée au gouverneur militaire, Peter Cirimwami.
En effet, la société civile s’offusque de l’octroi des avantages fiscaux à des personnalités politiquement et économiquement puissantes du pays, au détriment de nombreux citoyens lambda écrasés par la pression fiscale.
In concreto, l’arrêté du gouverneur militaire Peter Cirimwami, datant du 7 mai dernier, sujet à cette vive polémique, accordait à Modeste Bahati Lukwebo une exonération fiscale des impôts sur les revenus locatifs de 13 concessions foncières y compris des hôtels de luxe, dont certaines se trouvent dans des quartiers huppés dans la ville de Goma.
John Balingene, président provincial de la coordination de la société civile, estime que cet arrêté est propice à un climat d’incivisme fiscal et aggrave les inégalités sociales.
Dans une partie orientale du pays en proie à l’agression principalement orchestrée par le Rwanda sous couvert du M23, cette faveur accordée à l’élite politique du pays n’est pas la bienvenue dans un contexte économique précaire :
“La population du Nord-Kivu est meurtrie par la guerre, nous sommes des sinistrés. Actuellement les conditions économiques ne sont pas favorables, voilà pourquoi nous sommes étonnés que le gouverneur exonère l’honorable Bahati Lukwebo sur tous ses immobiliers se trouvant à Goma”, a-t-il déclaré.
Selon cet acteur de la société civile, cette décision, sans aucune contrepartie pour la population, consacre une injustice sociale, et risque d’encourager l’incivisme fiscal, faisant croire que les politiciens sont plus favorisés que le citoyen lambda, lequel souffre déjà d’une pression fiscale, et se voit quelquefois contraint de fermer ses entreprises.
Abondant dans le même sens, le coordonnateur John Balingene, dans une lettre adressée au gouverneur militaire, déclare que : “(…) Il est impensable de constater que vous avez choisi sélectivement d’exonérer les biens de luxe appartenant à une haute autorité (…) dont la portée n’influence en rien la vie pénible que traverse la population (…). De petits commerçants vendant les produits de première nécessité sont matraqués chaque jour par les services du fisc (…) d’autres opérateurs économiques sont en train de fermer les portes de leur boutique et magasins à cause de la faillite due à la pression fiscale à outrance (…)”.
Somme toute, la société civile appelle tout simplement au retrait de cet arrêté, car les citoyens ordinaires triment encore dans la misère.
Youss Shukrani