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EXETAT 2025 : l’epidemie “téléphones en salles” affecte la majorité de centres sous le regard complice des surveillants corrompus ( enquête)

Les épreuves de la session ordinaire de l’Examen d’État ( EXETAT), édition 2025, ont démarré sur l’ensemble du territoire national congolais, ce lundi 27 juillet 2025. Ces examens vont durer quatre jours, soit du 27 au 30 juillet prochain.

Il s’agit d’un événement important qui participe activement à l’avenir de la nation congolaise. Un moment capital de test des connaissances des élèves qui bouclent un cycle d’études et s’apprêtent à embrasser le cycle des études supérieures et universitaires.

Cela revient à dire que ceux des élèves qui auront satisfaits à ces épreuves auront le visa pour s’inscrire dans les universités et instituts supérieurs du pays, afin d’y sortir comme des cadres utiles au développement socio-économique de la République démocratique du Congo, pays Coeur de l’Afrique, mieux Etat gâchette du développement Continental, selon Frantz Fanon.

Corruption, sport national

Cependant, quelle n’a pas été notre surprise désagréable. L’EXETAT qui se voulait une étape décisive vers l’excellence éducative, une toute autre réalité s’est imposée dans de nombreux centres à travers le pays : celle d’une triche devenue quasi-systématique, orchestrée à l’aide de téléphones intelligents.

Dans les salles d’examen, l’interdiction formelle des appareils électroniques n’a visiblement pas suffi à freiner un phénomène qui prend des allures d’épidémie nationale. Pire encore, cette dérive s’opère souvent sous le regard complaisant — voire complice — de certains surveillants, prêts à fermer les yeux en échange de quelques billets.

Dans cette enquête, nous avons recueilli des témoignages d’élèves, de parents et même d’agents éducatifs pour lever le voile sur cette fraude technologique de grande ampleur. Une plongée dans les coulisses d’un système éducatif en péril, rongé par la corruption et le laxisme. Notre rédaction a déployé ses équipes pour l’observation dans différents centres de la capitale, Kinshasa, mais aussi à l’intérieur du pays.

Tricherie numérique

Si ce phénomène existe depuis des années, cette année, il a pris une proportion inquiétante avec la démocratisation des smartphones. Des élèves sont entrés en salles avec leurs téléphones intelligents et ont envoyé les questions à leurs enseignants à l’extérieur. Quelques temps après, ces derniers leur ont renvoyé  par téléphones les résolutions, sous le regard complice des surveillants corrompus.

C’est dire que la fraude n’est plus individuelle. Elle devient organisée, avec des filières bien établies. Les techniques les plus utilisées comprennent l’envoi de photos des sujets à l’extérieur via WhatsApp ou Telegram dès la distribution des copies, l’utilisation d’écouteurs Bluetooth connectés à des téléphones cachés et la réception de corrigés pré-rédigés en direct sur les smartphones.

Dans certaines écoles, des groupes WhatsApp avaient même été créés la veille de l’examen pour centraliser les corrigés envoyés pendant les épreuves. Certains établissements auraient même facturé ces “services” à des élèves ou à leurs parents, pour des sommes allant de 30 à 50 dollars américains selon les cas.

Un réseau bien structuré

Selon des élèves interrogés, il s’agit d’un réseau bien organisé qui implique promoteurs d’écoles, surveillants, voire les chefs de centres. Une fois dans la salle, les élèves, qui sont déjà avertis, se sont mis à se cotiser pour remettre une enveloppe aux surveillants. Dès qu’il a son argent dans la poche, le surveillant commence plutôt à surveiller l’arrivée du chef de centres et d’autres contrôleurs qui rôdent de l’extérieur, au profit des finalistes qui trichent entre temps dans la salle.

Bien avant le début de l’examen, les promoteurs d’écoles installent ce que les élèves appellent “serveur”. Il s’agit d’un rassemblement de quelques enseignants dans un endroit isolé donné pour attendre qu’on leur envoie les différentes séries d’examens qu’ils vont résoudre et renvoyer les réponses aux élèves.

“Je suis élève au collège Notre Dame d’Afrique de Lemba. Je passe mes épreuves au centre abrité par l’école Kimbanguiste dans la même municipalité. Pour ce premier jour d’examens, on avait accés au téléphone et on recevait des réponses de l’extérieur. C’était vraiment la foire où on pouvait se permettre tout. On a remis de l’argent aux surveillants pour nous permettre de tout faire. Pour entrer avec les téléphones, certains l’ont cachés dans les sous-vêtements ou  dans leurs chaussettes. D’autres les passaient tout simplement avec la complicité de surveillants” témoigne un candidat sous anonymat.

Des témoignages scandaleux

Des témoignages comme ceci sont légion. A Kinshasa, comme dans d’autres coins du pays, les finalistes ont abordé ce premier jour d’examens sous une atmosphère de triche massive. Ce phénomène s’est encore exacerbé avec l’avènement de l’intelligence artificielle ( notamment Chat GPT). À côté de ceux qui attendent des réponses de l’exterieur s’ajoutent ceux qui posent les questions aux applications de l’intelligence artificielle.

Au-delà des élèves et surveillants, cette dérive met en lumière un problème plus profond : la normalisation de la fraude dans le système éducatif. Des parents soutiennent la triche, pensant aider leurs enfants à “réussir à tout prix”. Les autorités, elles, peinent à l’eradiquer.

L’EXETAT 2025 restera sans doute dans les mémoires, non pas pour la qualité des épreuves, mais pour l’ampleur inquiétante de la triche numérisée. La banalisation de la fraude par téléphone n’est pas un simple écart disciplinaire : c’est le reflet d’un système éducatif à bout de souffle, gangrené par la corruption, l’indifférence et la perte de valeurs. Si rien n’est fait, ce sont les générations futures — et l’avenir même de la nation — qui en paieront le prix.

Un problème national

Cette montée de la tricherie fait beaucoup craindre pour l’avenir de la RDC. Si ceux qui sont appelés à diriger le pays demain s’adonnent à des actes de tricherie à ce niveau, il y a de quoi se poser la question sur ce dont ils seront capables une fois à l’université ou dans le monde professionnel.

Le moins que l’on puisse dire est que c’est un poisson qui se forme, une bombe à retardement que l’on couve. Le pays forme des criminels intellectuels dont l’agir demain ou après demain aura des répercussions fâcheuses sur le développement tant voulu. Au moment où d’autres États, notamment la Chine et l’Inde, investissent dans la formation des jeunes qui vont effectivement assurer la relève à l’heure et l’ère de la guerre des intelligences, il est affreux de constater que la RDC continue à négliger l’avenir de ses filles et fils.

La corruption gangrène son système éducatif de la base au sommet. Dès l’école maternelle, des enseignants s’amusent à favoriser certains écoliers dont les parents leur offrent des cadeaux par rapport à d’autres.

Système éducatif amplement infecté

La même réalité s’observe à l’école primaire. Des enseignants ne sont plus objectifs vis-à-vis des enfants. Leur attitude est fonction de ce qu’ils reçoivent des parents des uns et des autres. À l’université, c’est encore pire. On parle des points sexuellement transmissibles, des points économiquement motivés, des distinctions transmises par carroie tribal et voie génétique et de bien d’autres vices.

Cette saga de la corruption déploie avec autant d’aisance ses conséquences dans le monde professionnel. Conséquence, le pays compte énormément des DG, Ministres, médecins avocats, corrompus, sectaires, tribaux, clientélistes pour ne citer que ces maux sociaux.

Tout bien considéré, il est grand temps de prendre conscience de l’importance d’accorder une grande attention à la problématique de la corruption dans le système éducatif. Cela va de l’avenir de la République démocratique du Congo que l’on veut tous grand et prospère.

Rédaction

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