Au cours d’une conférence de presse, ce lundi 28 aout 2023, les avocats du député national Edouard Mwangachuchu ont dénoncé le caractère sectaire et xénophobe du réquisitoire du ministère public, prononcé le vendredi 25 août 2023, à la prison militaire de Ndolo, dans l’affaire de leur client accusé de participation à un mouvement insurrectionnel, de détention illégale d’armes de guerre et de trahison.
Ces avocats ont, d’entrée de jeu, rappelé que le député Edouard Mwangachuchu risque la peine de mort pour des infractions dont le ministère public n’a pas pu apporter les preuves durant toute l’instruction. Ils estiment que l’impression qui se dégage au regard du réquisitoire de l’organe de la loi est que le seul péché de Mwngachuchu est le fait d’être de l’ethnie Tutsis.
Ces juristes qui s’apprêtent à faire leur plaidoirie ce mardi 29 août 2023 qualifient ce procès de la haine et de la stigmatisation. Ils ont dénoncé les propos discriminatoires tenus par le ministère public et les avocats de la patie civile RDC à l’égard de leur client, lesquels propos n’ont aucun rapport avec les accusations portées contre lui.
“Nous sommes arrivés à la conclusion que toutes les preuves qu’on a tenté d’apporter contre l’honorable Mwangachuchu s’articulent autour de son appartenance à l’ethnie tutsi. Et cela a fait penser au ministère public qu’il peut même se dispenser d’apporter des preuves irréfutables au-delà de tout doute inimaginable. C’est un procès de la stigmatisation et de la haine », a déclaré Me Thomas Gamakolo.
Dans la même veine, lavocats du député national Edouard Mwangachuchu ont soutenu avec fermeté que leur client ne peut pas être considéré “une victime expiatoire de tous les crimes et fautes présumés commis par des Tutsis, sans aucune preuve spécifique de sa culpabilité”.
“Nous estimons qu’avec ce procès, notre vivre-ensemble et la cohésion nationale sont mis à rude épreuve. Notre client, n’étant pas le Jésus-Christ des Tutsis ne va pas être puni pour des faits d’autrui aux prétextes qu’il est de la même ethnie que des membres de la rébellion M23. Chacun doit répondre des faits individuellement commis”, a ajouté Me Thomas Gamakolo.
Et à ce juriste de poursuivre : “Jusqu’à présent, aucune preuve concrète n’a été présentée pour étayer les griefs mis à charge de Mwangachuchu. Ce qui prouve qu’il est l’objet d’une véritable chasse aux sorcières. Le réquisitoire du ministère public est formulé sur base d’aucun élément de preuve. En effet, rien n’a été prouvé sur le fait que notre client financerait le M23, moins encore aurait fourni des armes aux membres de cette rébellion ou constituer un groupe d’hommes au sein de la concession pour renforcer le M23. S’agissant de cette concession de la SMB, il y a un péché originel qui consiste à faire croire qu’elle appartiendrait à notre client, ce qui a poussé ses détracteurs à échafauder cette affaire dans le but de la lui arracher.Malheureusement pour eux, cette concession ne lui appartient plus depuis 2014”.
Avant de clore leurs propos, les avocats de Mwangachuchu disent se remettre à la sagesse des juges de la Haute Cour militaire qui, du reste, ne sont nullement liés par le réquisitoire du ministère public. Ils ont appelé à un procès équitable et à la fin de la stigmatisation ethnique.
Ces juristes ont aussi plaidé pour que leur client, âgé de 70 ans et affaibli par la maladie, soit jugé sur la base de faits concrets et non pas sur des suppositions et supputations stéréotypées.
Ils demandent à la plus haute juridiction militaire de la RDC de dire le droit conformément aux textes de Loi en vigueur en RDC et de ne pas condamner un innocent qui, soulignent-ils, a besoin de recouvrer sa liberté afin de regagner sa famille et de suivre des soins médicaux appropriés, lui qui a subi une intervention chirurgicale au niveau du coeur.
Rappelons qu’à l’audience du vendredi 25 août 2023, le ministère public avait requis la servitude pénale à perpétuité contre le député Edouard Mwangachuchu. Pour leur part, le avocats de la partie civile RDC ont réclamé 10 milliards USD 100 à titre de dommages et intérêts et la déchéance du mandat parlementaire du concerné.
Molimo